Proposer des coachings qui ne relèvent ni d’une logique de performance, ni d’une visée thérapeutique, soulève un paradoxe que les coachs apportent souvent en #supervision.
Comment accompagner sans faire des émotions une « marchandise »?

▶️D’un côté, il y a une démarche sincère qui ne cherche ni à réparer, ni à booster, mais simplement à ouvrir un espace de présence, d’écoute et de transformation intérieure.
▶️ De l’autre, il y a la réalité économique dans laquelle cette vocation cherche à exister.
Accompagner les personnes vers une forme de reconnexion à soi, proposer un voyage vers les paysages multiples de l’ identité, ne permet pas de promettre « la réussite » au sens habituel. Cela
ouvre juste sur ce qui est déjà là, en friche, en attente d’être explorée et éclairée…
Nous vivons dans un monde saturé par les discours de performance où tout se passe comme si ce qui n’a pas de valeur visible immédiatement était inutile, mais ce type de cheminement ne peut être
entamé que s’il est demandé.
▶️ Coté client, comment penser ( comment s’autoriser) à formuler une demande de reconnexion à soi, quand tout pousse à performer, à faire, à tenir ?
▶️ Coté accompagnant, comment proposer une telle démarche sans tomber dans la séduction ni la promesse de résultats? comment envisager d’exercer
ce métier quand il s’adresse à une demande souvent silencieuse, voire inconsciente ?
Existe-t-il un langage juste qui puisse susciter la prise de conscience sans l’imposer?
Quel sens cela a t il dans un monde où les émotions et les sentiments sont marchandisés. Où comme l’écrit Eva Ilouz*: « pour aller mieux et cette amélioration est la principale marchandise vendue
dans ( le champ du coaching), il faut commencer par être malade ».
Faire de la supervision un espace critique

En miroir, cela questionne aussi ce qu’il en est d’un espace de #supervision qui, lui non plus, ne promet ni solutions, ni clients, ni réussite, ni résultats mesurables mais plutôt l’ouverture
d’un regard et une descente en soi et dans sa pratique, en conscience.
▶️ Qu’est ce que cet espace qui, au lieu d’apporter des réponses et des certitudes, vient parfois souligner des doutes ?
▶️ Un espace de clarification, d’exploration, parfois de renoncement, qui n’apprend pas à faire toujours plus mais à sentir plus finement ce qui est juste? Qui ne cherche pas à
psychologiser ni individualiser mais qui remet en perspective les dimensions sociales ou collectives de ce qui est ressenti et vécu.
▶️ Un lieu où l’on cherche à désapprendre, déconstruire, questionner ses récits, remettre en cause sa posture et parfois aussi ses projections de réussite ?
▶️Un moment où on peut questionner l’exercice d’un métier qui contribue à déplacer vers le marché de ce qui relevait autrefois des sphères intimes, familiales ou communautaires.
▶️ Où on peut explorer comment inventer un langage qui touche sans trahir?
▶️ Où on peut réfléchir à ce ça veut dire pour soi de vivre d’accompagnements qui, dans un monde du toujours plus, apportent surtout des “moins” :
🔹moins de résultats pour moins de confusion, 🔹moins de réussite pour moins de faux-semblants, 🔹moins de performance et d’auto entreprise de soi pour moins de tensions et d’injonctions
paradoxales….
* Les sentiments du capitalisme, Eva Illouz
Écrire commentaire