Travailler en tant que coach peut être une expérience gratifiante, mais c'est aussi un travail exigeant émotionnellement et mentalement. Aussi, est-il fréquent que cela conduise à une forme de
démotivation voire même, d’usure professionnelle. Elles sont le plus souvent passagères mais il arrive parfois qu’elles s’installent de façon plus durable. Accepter que cela fasse
partie des aléas de ce métier c’est se donner les moyens de reconnaître la fatigue émotionnelle quand elle survient et, tout en respectant les messages qu’elle transmet, de ne pas la laisser
s’installer.
Pourquoi toute cette fatigue?
L'usure professionnelle, on l’a dit, est un état de lassitude émotionnelle qui a des impacts tant sur le plan mental que physique. Elle est causée essentiellement par l’accumulation des
situations de stress que rencontrent les accompagnants:
- L’investissement émotionnel du coach dans ses accompagnements tout d’abord, s’il est quasi inéluctable, peut être épuisant à long terme.
- Certaines situations de conflits de loyauté et/ou déontologiques auxquels sont régulièrement exposés les coachs professionnels peuvent également induire du stress. Et cela peut parfois devenir difficile à endurer.
- Peut aussi s’ajouter selon les cas, la charge de travail: la gestion de nombreux accompagnements peut être très sollicitante; ou inversement, la difficulté à trouver suffisamment de clients pour vivre correctement de son activité qui peut elle aussi, être éprouvante.
- Sans omettre les questions administratives, juridiques et comptables qui en rajoutent souvent…
Savoir la reconnaître avant qu’elle ne s’installe
Pour les accompagnants, la fatigue professionnelle commence souvent par se manifester par une perte d'empathie envers les personnes, une réduction de
la qualité de l’attention et de l’écoute et plus généralement de la qualité de l’alliance avec leurs clients. Cela peut même se traduire par une augmentation de l'irritabilité et de
l’impatience. Cette lassitude vis à vis des relations professionnelles peut aussi déborder sur les relations personnelles. Enfin
cela peut parfois aller jusqu’à induire des problèmes de santé physique. Sans parler de déprime ni de burnout, on voit que les mécanismes qui peuvent se mettre en place s’en rapprochent
parfois. Il est donc essentiel pour le coach de savoir s’écouter et reconnaître les signes précoces de l'usure, pour y faire face avant
qu’elle ne prenne trop de place dans son quotidien professionnel et personnel.
Comme les cordonniers…
Les coachs ont souvent du mal à prendre suffisamment soin d’eux-mêmes. Or, plus encore que pour d’autres métiers, il est essentiel de se donner les moyens de nourrir sa bonne santé
émotionnelle:
- Cela commence d’abord par le fait de disposer d’un espace personnel de travail sur soi: psy, coach, thérapeute etc….
- Il est également indispensable de faire appel à un superviseur pour pouvoir être encouragé et se sentir soutenu si nécessaire. La supervision est aussi,un lieu où on peut discuter de ses cas et des émotions plus spécifiquement liées au travail d’accompagnement et apprendre à mieux écouter ses besoins professionnels et personnels.
- Les deux peuvent parfois être regroupés mais cela implique qu’un travail personnel sur soi ait déjà été fait de façon approfondie de façon à pouvoir s’appuyer dessus. Et aussi, qu’il soit clair qu’il pourra s’avérer utile de reprendre ce travail personnel, si le besoin est repéré en supervision.
- Prendre du temps pour soi, lire, méditer, créer, savoir profiter de ses vacances, s’investir dans d’autres activités que les activités professionnelles (et notamment les activités artistiques), en sachant couper avec le stress professionnel, participent autant du professionnalisme de l’accompagnant que la formation ou le fait d’être supervisé
- Une bonne façon de déconnecter peut être aussi de s’octroyer du temps pour continuer à se former et à réfléchir à sa pratique. À condition de décider d’en faire un vrai moment pour se ressourcer et pas une activité contrainte qui vient se rajouter à un emploi du temps déjà surchargé, cela peut contribuer à casser les routines usantes et à alimenter sa motivation.
- Certains accompagnants décident également d’avoir d’autres activités professionnelles. Et pas seulement pour completer leurs revenus mais parce que cela leur apparait comme indispensable pour pouvoir se ressourcer et d’être plus disponibles vis à vis de leurs clients.
- Et enfin, comme pour nos clients et participant largement à l’hygiène professionnelle du coach, se dépenser physiquement et être entouré d’amis, de collègues ou de sa famille restent les meilleurs remèdes pour booster notre énergie et notre moral.
Deculpabiliser et prendre soin de soi
En conclusion, s’il n’y a pas d’astuces miracles contre la fatigue émotionnelle et professionnelle, savoir que sa survenue périodique est
normale chez les personnes qui se consacrent à l’accompagnement, permet de l’appréhender plus sereinement.
C’est d’ailleurs probablement dans les moments où cela va bien qu’il est important de mettre en place les racines de ce qui nous permettra de nous
ressourcer quand il fera un peu froid.
Et puis quoi de plus déculpabilisant et motivant que de prendre conscience que nous le devons à nos clients! Nous leur devons de savoir dire non, fixer des limites, savoir nous déconnecter et prendre soin de nous-mêmes!
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