Alors que je travaille sur la construction d’un atelier sur le coaching en entreprise, je me suis replongée dans « La société malade de la gestion » de Vincent de Gaulejac.
Parce que les coachs que je supervise ressentent souvent une certaine ambivalence face à un processus qui les incite à accompagner leurs clients dans l’atteinte d’objectifs avec lesquels ils ressentent confusément que ni eux, ni leurs clients ne sont véritablement alignés, cela m’a donné envie de rédiger un article sur le blog
Parce que les coachs que je supervise ressentent souvent une certaine ambivalence face à un processus qui les incite à accompagner leurs clients dans l’atteinte d’objectifs avec lesquels ils ressentent confusément que ni eux, ni leurs clients ne sont véritablement alignés, cela m’a donné envie de rédiger un article sur le blog
Sans que nous n’en ayons véritablement conscience, la logique de la gestion est au coeur de nos vies, à commencer par nos vies professionnelles mais pas seulement . Elle nous incite
inconsciemment le plus souvent, à toujours vouloir être plus efficace, y compris et peut être surtout, quand nous nous plaignons de ne pas
l’être suffisamment. Elle nous pousse à vouloir toujours fournir plus d’efforts en nous incitant à être toujours plus productif et rentable. Dès le lycée et parfois même bien avant, nous
encourageons nos enfants à «s’investir » dans les filières les plus « stratégiques » pour réussir.
En entreprise ce sont tous les discours managériaux qui s’appuient sur ces présupposés. Même lorsqu’un certain recul est pris vis à vis d’un exercice du pouvoir qui serait purement hiérarchique et autoritaire, il n’en reste pas moins que tout est
fait pour nous pousser à nous investir corps et âme dans le travail, comme s’il était l’unique et ultime lieu où satisfaire nos besoins
et en particulier notre besoin de reconnaissance.
Dans l’entreprise mais aussi à l’école ou même dans la famille, s’en suit une logique de course à l’efficacité voire une véritable guerre des «
places». Or cette lutte incessante pour occuper la «meilleure» place induit une culture de la pression et du stress qui déteint sur toute
la société. Aujourd'hui, tout se gère, y compris sa famille, son appétit, ses émotions, sa carrière, ses relations amoureuses, sa
famille, sa confiance, sa motivation, ses vacances, ses loisirs, sa sexualité, ses prises de parole en public…
Chaque individu est amené à se «gérer» lui-même comme un capital qu'il doit faire fructifier.
Or le coaching est souvent partie prenante - parfois à son corps défendant - de cette culture de la haute performance.
Que fait-on d’autre quand nous accompagnons nos clients à définir un objectif, puis à l’atteindre?
Autant de demandes de coaching qui traduisent le souhait de nos clients d’être toujours plus efficaces, de mieux gérer leur « moi » pour mieux réussir dans une société où domine la course au toujours plus et au toujours mieux …Mieux gérer ses émotions, devenir plus efficace dans ses prises de parole, être plus aligné pour réussir sa reconversion, mieux valoriser ses compétences….
Cette pression incessante fait malheureusement le lit de toutes sortes de harcèlements, de stress et de souffrances. C’est une véritable épidémie de
burnout en entreprise mais aussi chez les étudiants voire certains lycéens ou encore dans la famille (où l’idéal du parent parfait s’impose encore plus souvent à la mère qu’au père).
Face à ces transformations, V de Gaulejac va jusqu’à montrer comment la politique, à son tour contaminée par le "réalisme gestionnaire", peine elle aussi, et depuis longtemps déjà, à
véritablement prendre en compte le bien commun. Peut-on néanmoins échapper à cette épidémie se demande-t-il?
Une des pistes suivie par le sociologue clinicien serait de mettre les techniques de gestion au service de l’organisation et de la co-construction d'un monde où le lien plutôt que le «
bien » serait au cœur des préoccupations.
En tant que coach, il me semble que cela nous invite à nous poser la question de notre intentionnalité :
—> Choisit on de proposer à nos clients de mieux s’adapter et de faire toujours mieux et plus de la même chose, en atteignant des objectifs au service de la culture dominante de
la gestion ?
—> ou les accompagne-t-on plutôt, à travailler sur les liens qu’ils entretiennent avec leur environnement, et en particulier les personnes qui sont importantes pour eux, tout en conscientisant
ce que la culture de la gestion les pousse à réaliser afin de leur permettre de décider en connaissance de cause, ce qu’ils choisissent ou pas de mettre en acte en lien avec les personnes
importantes pour eux?
Me contacter
Gaëlle Le Buzullier
Coache et superviseure certifiée ESQA
Praticienne narrative
gaelle.le-buzullier@labdecoachs.fr
www.labdecoachs.fr
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