Est coach celui qui se sent coach et qui agit comme tel.
Quel est le déclic? Qu’est ce qui fait que certains s’auto-proclameront coach, alors que d’autres hésiteront encore à se sentir coach, même après avoir suivi une formation , avoir été certifiés et que d’autres encore ne se sentiront jamais coach.
Plus je pratique plus la réponse me semble à la fois simple, évidente et complexe : est d'abord coach celui qui se sent coach et qui agit comme tel...
Le diplôme ne fait pas le coach (même si ça peut aider).
On peut définir le coaching en insistant notamment sur la base du respect d’une déontologie et d’une éthique comme le font notamment les grandes
fédérations professionnelles qui cherchent à réguler ce métier.
On peut également souhaiter, voire même revendiquer, l’obtention d’une certification comme étant la garantie d’un certain niveau d’apprentissage, du fait de disposer de capacités d’analyses certaines et d’avoir des repères parmi les grandes théories psychologiques, sociologiques, voire philosophiques ou anthropologiques.
Pourtant être coach n’est absolument pas une question d’expertise.
Avoir un diplôme, connaître des méthodes, appliquer des outils, même si cela est indispensable, cela n’a jamais fait un coach.
Le coach est celui qui ne sait pas
Diplômé ou pas, le coach est d'abord celui qui ne sait pas. S'il voit, s'il entend, s'il questionne, c'est que sa curiosité de l’autre est inextinguible. Il est d'abord guidé par l'envie d'en apprendre plus, sur les autres, sur lui-même mais sans jamais savoir...En coaching on parle de position basse.
Et cette position basse est plus qu’une simple vigilance à avoir quand on accompagne. Ce n'est ni un outil, ni une méthode. Cela ressemble plus à
une posture à adopter face à la vie en général. Réaliser et accepter que, plus on sait, plus le champ de ce qu’on ne sait pas s’élargit. Plus on pratique le coaching moins on en sait sur
l’autre.
Ressentir et se décentrer
Les praticiens narratifs proposent plutôt d'adopter une posture décentrée pour redonner toute la place de l’expertise à celui qu’on accompagne.
Cette notion me parle encore plus que l'idée de position basse.
Se décentrer, c'est se poser en dehors du cercle de ses propres préoccupations. A la fois pour être capable de s'ouvrir tout entier aux récits de l'autre; à la fois pour ne pas s'y faire
absorber et pouvoir avoir un impact (mais sans influencer) à travers les questions que l'on propose à la personne.
Comme pour la position basse, se décentrer pour redonner toute la place de l’expertise à celui qu’on accompagne, ne s’apprend. pas. Cela se ressent. Cela se vit. Cela s’incorpore. Comme l’artisan sur son métier qui doit acquérir un tour de mains. On pourra lui faire des schémas, lui expliquer comment ça fonctionne, mais rien ne remplacera jamais le geste. Pouvoir incorporer le geste. Le faire sien. Faire des erreurs, casser des pièces et recommencer encore et encore*.
Et pour le coach, rien ne remplace le fait de pratiquer, pratiquer, pratiquer...si possible sous le regard bienveillant d'un plus senior que lui.
S'être réconcilié.e avec ses dragons personnels
J'aime bien la métaphore du dragon parce qu’elle évoque les contes de l'enfance. Elle sous-entend l'idée d'un combat tout en suggérant aussi qu'on peut être tout petit et réussir à les vaincre. Plus que de les tuer, il s'agit surtout de les pousser à retourner s'endormir dans leur grotte, en devenant quasi inoffensifs, même dans les cas où on n’a pas réussi à les faire tout à fait disparaître...
Avoir traversé ses propres névroses et suffisamment d’épreuves de vie pour être capable d’un peu de recul me semble essentiel pour celui qui coache. En effet, avoir exploré ses propres ressentis émotionnels et avoir pu faire son deuil de ses besoins de reconnaissance et de prise en charge est le seul moyen de ne pas risquer de les imposer à ses clients.
Pire que ceux qui accompagnent en position haute (c’est à dire en position d’expert et de conseil ) il y a les coachs qui règlent leurs comptes et combattent leurs dragons sur le dos de leurs clients. Il me semble que ces coachs-là peuvent être dangereux sans même en avoir conscience...
Faire son "tour de France".
Depuis le moyen-âge, les compagnons artisans font un tour de France. Ils passent d'ateliers en ateliers pour apprendre leur métier et être accompagnés dans leur formation: apprendre les gestes, faire et refaire sous l’œil indulgent mais exigeant d’un plus ancien tout d’abord, puis d’un maître ensuite.
L’analogie que j’emploie ici trouve ses limites dans la notion de maître qui peut renvoyer à celle d’autorité. Ce n’est pas dans ce sens que je l’utilise ici, mais plutôt pour évoquer celui qui maîtrise son art à force d'expérience.
Autrement dit, cela parle de l'importance pour le coach, de continuer à se former, à explorer de nouvelles méthodes ou de nouveaux outils, de rencontrer de nouveaux mentors, et à se faire coacher ou plutôt superviser lui-même pour clarifier sa posture et affiner son art encore et toujours…
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