Revolution numérique: entre promesses et des turbulences
Les évolutions numériques transforment nos entreprises à grande vitesse. Mais derrière les promesses d’innovation et d’efficacité, les salariés doivent faire face à des réalités parfois brutales : nouvelles méthodes de travail, relations professionnelles bouleversées, et une pression grandissante pour « rester dans la course ».
Pour s'adapter à la digitalisation, les réseaux apprenants se développent dans les entreprises. Leur objectif est généralement de permettre aux salariés de se former et de vivre le mieux possible cette révolution dans les organisations.
De plus en plus d’entreprises investissent également dans le coaching. Les plus grandes entreprises comme EDF, Danone ou SNCF misent par exemple, sur des réseaux de coachs internes capables d’intervenir individuellement pour aider les collaborateurs à naviguer dans ces eaux troubles. Ces coachs permettent notamment aux salariés et à leur managers, de travailler sur des problématiques de positionnement professionnel ou d’affirmation de soi. En mode collectif, ils accompagnent les équipes à mieux gérer les transformations, en abordant frontalement les impacts du numérique sur les process. Ce sont à la fois de véritables facilitateurs du changement mais aussi des pourvoyeurs d’espace pour réfléchir à ce qui se se passe, prendre du recul et éviter de se laisser submerger. Ces dispositifs jouent un rôle clé pour amortir les chocs de cette transformation rapide et parfois brutale.
Coachs: Un soutien indispensable mais une éthique sous tension
Ce constat pourrait nous convaincre qu’au fond, ce n’est pas tant le changement en lui-même qui pose problème, mais la façon dont il est vécu. Pourtant, accompagner les salariés pour leur permettre de s’adapter face aux vagues de transformation, reste une mission teintée d’une certaine ambivalence. En aidant les collaborateurs à mieux gérer leur stress, à se repositionner, à préserver leur bien-être et leur employabilité, les coachs, qu’ils soient internes ou externes, participent aussi, et souvent malgré eux, à maintenir un écosystème où la pression reste omniprésente.
Dans un contexte où les bouleversements numériques chamboulent de nombreux repères, l’accompagnement des personnes est probablement indispensable. Mais en aidant les équipes à tenir le coup, à supporter la pression et à rester performantes, les coachs prennent le risque d’être aussi les garants d’un système qui écrase. Un système où la productivité règne en maître, où la pression ne s’arrête jamais, où l’on demande toujours plus, sans vraiment questionner le coût humain.
Pour les coachs, qu’ils soient internes ou externes, cette ambivalence soulève donc des enjeux éthiques et déontologiques majeurs: Jusqu’où peuvent-ils accompagner sans cautionner ? Comment préserver l’équilibre entre leur devoir de soutien aux salariés et la responsabilité de ne pas devenir des complices passifs d’un modèle qui fragilise la santé mentale et qui épuise de nombreuses personnes?
Coacher en entreprise c’est questionner sans relâche sa pratique
Ces questions bien loin d’être seulement théoriques, touchent au cœur de la pratique du coaching.
Etre coach en entreprise, c’est sans cesse naviguer sur une ligne de crête et questionner ses pratiques. Impossible de se cacher derrière une posture technique ou soi-disant neutre. Accompagner en entreprise incite nécessairement à s’inscrire dans une réflexion plus large sur le sens du travail, la place de l’humain dans l’entreprise et la manière de transformer durablement les organisations.
Impossible d'être un coach éthiquement et déontologiquement responsable sans prendre conscience de cette responsabilité : celle de refuser de soigner les symptômes sans s’interroger en parallèle sur les causes profondes; celle d’inciter les entreprises à ne pas utiliser ces accompagnements comme de simples rustines; celle de contribuer à une réflexion plus large sur des modes de travail réellement durables, et respectueux des personnes.
#supervision
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